Maroc 2022
Cette année, nous n'avons pas pris de vacances en Juillet-Aout (clin d'oeil à nos chers collègues qui nous croient toujours en vacances) 😜 car Trop cher, trop de monde, trop chaud...
Nous fuyons lachement la fin de l'été français et la fraicheur naissante de l'automne pour partir vers un endroit plus chaud. Je vous le donne en mille : le Maroc ! Mais cette fois encore, dans une région qui nous est totalement inconnue: Le rif.
Autrement dit : Tetouan (la "ville andalouse"), Tanger (arrivée des ferries de Gibraltar), Chefchaouen (la ville bleue), les champs de cannabis, et bien sûr la réserve de Talassemtane que nous arpenterons en long et en large pendant 6 jours avec des guides en marchant dans les oueds.
Cette région est connue au Maroc pour être rebelle envers le gouvernement, pour ces manifs, pour sa grosse production de cannabis (qui alimente l'industrie pharma européenne) et pour son hispanophonie (ils ne parlent pas français ni anglais). Géographiquement, la région sépare l'atlantique (Tanger) de la méditerranée (Tétouan). Pourvu que la mer soit chaude ! ⛱🌞
Voici le trajet que Séverine a planifié :
18/09/2022 - on kife la life
Nous avons dormi chez des amis à Bordeaux, qui se sont gentillement proposés de garder notre voiture et de nous emmener à l'aeroport pour 5h.
Lever 4h, la nuit fut courte et la soirée un peu arrosée.
Nous prenons l'avion Ryanair comme prévu à 7h10 sans encombre et arrivons à Tanger 2 heures plus tard.
Nous récupérons nos bagages : je retrouve mon sac un peu déchiré et la valise de Séverine est défoncée. Merci aux bagagistes pour leur délicatesse!
Nous retrouvons Imad qui sera notre guide francophone pendant nos 6 jours de trek. Il a un look très espagnol, avec ses cheveux frisés et sa coupe mulet.
2 heures de route plus tard, nous voilà arrivés à l'auberge Rueda ("la roue" en espagnol) près de Chefchaouen. Le bâtiment est magnifiquement décoré par un curieux bonhomme appelé "l'artiste", qui a peint des fresques, des fausses briques ou des trompe-l-oeil, avec des couleurs dominantes bleue et brique. Une véritable oeuvre d'art!
Des petits squats en peu partout, à l'ombre de 3 énormes figuiers.
Nous attendrons 14h avant de pouvoir manger (salade marocaine, poisson grillé, lentilles au cumin) et de pouvoir enfin nous affaler dans la chambre pour une petite sieste réparatrice de 30 mns. Nous sommes complètement HS.
15h30 : nous traversons le village en direction de l'oued en contrebas. Tous les 20 mètres nous tombons sur des fours à pain, dans lesquels des femmes cuisent des pains marocains (ronds, larges et très plats) pour les vendre aux automobilistes. C'est assez original.
Puis nous empruntons un petit chemin derrière un viel olivier et tombons sur notre premier champ de "kif" (cannabis).
Nous pensions que ces champs ressemblaient un peu à nos cultures françaises avec des plants serrés et très haut. Mais en réalité les plants ne dépassent pas les 40 cms et sont assez espacés. Nous descendons jusqu'à l'oued par un chemin, très raide (sans aucun jeu de mot), où un certain Rachid a construit un petit barrage en béton pour créer une piscine, devant lequel il a aménagé l'espace pour que les gens de passage puissent s'asseoir, manger, boire ou se changer. Même si le ciel est nuageux et extrêmement venteux, la baignade est délicieuse. A côté de sa maison, un gigantesque champ de kif. C'est impressionnant et surtout, tout à fait légal.
Nous rentrons à l'auberge pour une séance glande/lecture.
Ici, les gens dînent très tard, à la mode espagnole. Ils sont estomaqués de voir que nous souhaitons dîner à 20h30 (déjà très tard non?). Nous commandons une salade marocaine + une assiette kefta / frites, assez décevante (pas de tomate, trop sec). De plus : pas de ketchup, pas de moutarde, pas de sel, pas de couteau, pas de serviettes, pas de verres, pas de dessert... Ils sont très gentils mais ils ont des progrès à faire.
21h: dodo. Demain c'est canyoning.
19/09/2022 canyoning by night
Il est 09h00, l'auberge est endormie, le restaurant est fermé. Les employés dorment sur des banquettes. Ils se réveillent tranquillement et préparent le petit dej, à leur rythme. Nous ne sommes pas partis...
Nos 2 accompagnateurs se sont aussi levés: Imad et Rachid (le gars qui vit près du torrent). Le temps d'enfiler les combis en neoprene, nous prenons la route en direction d'un petit village, qui sera le début de notre marche d'approche vers le canyon. Tout le long du village, un grand champ de canabis.
Nous montons par un petit chemin escarpé, à vive allure. Même si le temps est mauvais et que nous marchons dans le brouillard, nous transpirons à grosses gouttes. Nous croisons encore quelques petits champs de canabis éparses. 2 heures plus tard, le chemin se met à longer une grande vallée dont les pentes sont entièrement recouvertes de champs de kif. De temps en temps, nous sommes obligés d'écarter les plants qui poussent en travers du chemin. Des ouvriers agricoles coupent des plants pour les faire sécher. Des arroseurs automatiques tournent en continu. La légère odeur de kif est maintenant omniprésente.
Après un petit pique nique très marocain (pain, thon à la tomate, vache qui rit), nous enfilons un casque et mettons nos affaires dans des bidons étanches, puis nous descendons dans l'oued Farda .
Nous commençons à marcher les pieds dans l'eau sur les rochers couverts de mousse et très glissants. La progression est très difficile car nous chutons très fréquemment. Le paysage est un peu gâché par ces centaines de tuyaux en plastique qui permettent de pomper de l'eau dans l'oued et arroser cette plante si précieuse, très consommatrice en eau. Nous arrivons au premier rappel qui doit faire environ 6 mètres, puis enchaînons sur 3 ou 4 autres rappels. C'est très sympa. L'eau est limpide et c'est vraiment un joie de franchir toutes ces piscines naturelles. Le troisième tronçon ressemble au premier avec beaucoup de végétation et de pierres très glissantes.
Mais ça c'était bien avant le drame.
Nous sommes exténués et la nuit commence à tomber. Nous trébuchons environ tous les 10 pas, et n'avons tellement plus d'énergie que nous n'arrivons plus à nous relever. D'après Rachid, le camp est encore loin. On est mal, très mal...
Dans cet oued, nous avons appris: à faire le grand écart, à faire rebondir nos tibias sur des rochers, à faire un plongeon avec les fesses, à attraper des ronces à pleine main, etc...
En plus de la buée constante sur mes lunettes qui m'empêche de voir mes pieds, il fait maintenant nuit noire. Quelle angoisse. Nous sommes au beau milieu de nul part, dans un torrent avec de nombreuses cascades. On ne rigole plus trop. Nous sortons nos 2 lampes frontales + la petite lampe de Rachid, ce qui nous permet quand même de nous orienter et de contourner le danger. Imad n'a pas de lampe. Pourvu que nos piles usagées tiennent le coup.
Nous descendons de nombreuses cascades, en vérifiant systématiquement avec nos lampes qu'il n'y a pas de rocher ou de tronc d'arbre qui pourraient représenter un danger.
Rachid voit au loin une lumière : le camp, enfin! Nous sommes excités car nous sommes maintenant à 100 mètre du thé à la menthe et du tajine, quand brusquement "crac" mon pied part de travers sur une pierre branlante. Bilan des courses: "entorse du pied droit". La cheville est toute gonflée. Qu'est ce que c'est vexant! D'autant que demain matin, nous devons encore marcher 3 heures dans le torrent.
Je passe la soirée le pied dans l'eau froide pour tenter de la faire dégonfler, inchallah. Mais ça n'a pas beaucoup d'effet.
A part ça, le camp est super. Le terrain a été aplani pour accueillir des tentes, un barbecue et des bancs en béton ont été contruits autour d'une table en bois. Nous buvons un délicieux thé à la menthe, accompagné d'un tajine de poulet à tomber par terre.
Nous nous endormons avec le bruit du torrent et l'odeur du kif.
20/09/2022 - partie de golf
Le glouglou du torrent et l'odeur de kif nous a bercé toute la nuit. Alors que nous dormons encore, le propriétaire du squat allume un feu dans son "barbecue" pour faire du thé et une omelette à la vache qui rit (miam).
Il fume avec une grande pipe en bois qui permet de fumer juste 2 tafes. Ils appellent ça "le golf" car la pipe ressemble à un club de golf.
En face du bivouac, de l'autre côté de l'oued, nous découvrons un champ de kif avec des pieds gigantesques, atteignant jusqu'à 2,5 m.
Nous devons prendre une décision importante ce matin. Séverine veut faire la suite du canyon et moi je ne me vois pas trop la suivre. J'ai mal et j'ai un peur de me retordre la cheville. Finalement Séverine et Imad partent à 2 (avec des lampes frontales et une batterie portable pour le téléphone, on ne sait jamais 😉), et moi je pars avec Rachid et le muletier qui ramène nos affaires au village. On m'a donné un gros bâton pour m'aider à marcher, et franchement, ça le fait!
Nous apercevons en contrebas, les 2 petits casques blancs de Severine et Imad qui progressent tranquillement de vasque en vasque. Nous atteignons le haut du versant, tapissé de champs de kif. Un gars, posté au beau milieu de son champ de kif, discute avec nous, une pipe "golf" à la main et un plan de kif séché dans l'autre. Une vraie photo de carte postale 🤣. Il nous offre gentillement une grenade chacun car il fait vraiment très chaud. Nous entamons la descente sur l'autre versant et passons par un premier village appelé "waslef". Quelle vision incroyable : le village est entouré de champs de kifs à perte de vue. D'après Rachid, à part les figuiers qui poussent partout, les gens ne cultivent rien d'autre ici. Il faut quand même surveiller les singes et les chèvres qui mangent le kif, et bizarrement, rien à craindre des mules.
Il faut quand même que je précise une chose : la culture, la vente et la consommation du canabis sont interdites au Maroc. Mdr.
Nous atteignons ensuite le village d'Iraman, d'où nous sommes partis la veille dans le brouillard. J'attrappe à pleine main une tête de plant de canabis. Mes mains sont recouvertes d'huile. Pour être honnête, ça sent très bon.
Au bout de 2 heures, nous arrivons tout transpirant au parking du bas où se trouve notre fourgon. Ouf. La cheville a tenue.
Rachid m'explique, en espagnol, que les berbères du rif ne parlent pas la même langue que celle d'Agadir, ni celle de Merzouga, dans le désert. Je mets un petit fond musical : Tinariwen, groupe berbère ultra-connu dans le monde entier. Ils ne connaissent pas (lol), mais ils adorent!
1/2 heure plus tard, Séverine et Imad arrivent du canyon. Ils n'ont mis que 2h30. Ils ont franchi pas mal de petits rapides en mode toboggan et de grandes vasques d'eau translucide. Séverine a même fait quelques sauts (jusqu'à 3 mètres). Ils sont aussi passés sous une arche naturelle appelée "le pont de dieu", puis devant de nombreux "squat à tajine" avec de magnifiques chaises plastiques de toutes les couleurs. Bizaremment, nous sommes en Septembre et il y a encore beaucoup de monde à profiter de ce superbe endroit. A priori, belle rando aquatique qui valait le coup.
Nous rentrons à l'auberge pour un après-midi séchage de vêtements et combis/tajine kefta/glande/crèmes anti-inflamatoire et arnica sur les tibias. Suivi de grandes discussions devant quelques bières, avachis dans les coussins, puis tajine poulet/ligoumes.
Bonne nuit.
21/09/2022 - la grimpeuse
Petit dej à 10h.
Aujourd'hui, pour laisser ma cheville tranquille, Séverine a proposé une activité escalade, où je serai simple spectateur.
Nous partons donc en voiture avec Imad et Rachid jusqu'à une paroi d'escalade facile d'accès et d'un niveau de difficulté 4 ou 5. Rachid monte avec l'agilité d'un singe pour bloquer la corde dans le mousqueton en haut de la paroi dans le but d'assurer la grimpeuse. Séverine s'équipe et attaque la paroi comme il y a 30 ans, avec concentration et agilité, assurée en bas par Imad avec un descendeur. Quelle femme étonnante! 😍 Elle redescend tranquillement en rappel puis attaque une 2ème voie un peu plus difficile, tranquilo!
Nous bougeons sur un deuxième site, encore plus difficile. Séverine réussit encore ce défit.
Elle attaque une 4ème voie avec 1 surplomb, et des passages sans aucune prise évidente. Le suspens est à son comble. Va t'elle encore réussir le défit ? Au bout de 3 m d'ascension, une grosse pluie d'orage se met à tomber. La paroi devient glissante. Sauve qui peut, on rembale! (Sauvée par le gong?)
Grosse glande sur les coussins jusqu'à 17h, puis nous descendons le chemin très raide jusqu'au squat de Rachid au bord du torrent, où il nous a préparé un tajine de poulet au citrons et aux oignons à tomber par terre, agrémenté "de las herbas del jardin" 🤔. Nous profitons bien évidemment de sa piscine naturelle de 25 m de long, au milieu des poissons, non loin des plants de canabis. Il nous montre ses projets de construction pour acceillir de nombreux grimpeurs à la recherche de bivouac en pleine nature. C'est tout simplement le must en matière de glande 😉. Les marocains du rif sont décidément des professionnels.
Nous remontons le sentier quasiment dans le noir, ravis de cette petite soirée improvisée.
A l'auberge, Imad est train de regarder "game of thrones - house of dragons" sur son portable. Nous filons dans notre chambre pour faire de même après un petit verre de rosé marocain (13°)
Demain, au programme : rando de 2 heures au bord de l'oued Laou, puis bivouac au bord de l'oued El Kennar, si Imad nous trouve un cuisinier, inchallah.
22/09/2022 - les magots
09h00: Nous sommes devant la cuisine comme prévu, pour partir tôt. Comme nous l'avions redouté, les jeunes de l'hôtel dorment encore. Ils sont incapables de respecter un horaire.
10h00: un premier arrive et met en route la machine à café. Un deuxième arrive et "court" acheter des œufs. On va y arriver..
11h00 : Nous chargeons nos valises dans le fourgon, puis partons à pied avec Rachid, pour une marche de 2h30 à travers les rochers qui longent l'oued Laou. Le gentil chien de l'auberge décide de nous suivre. La progression est très difficile car il n'y a pas de sentier, juste des rochers. D'autant plus que Séverine a mal aux genoux et que je lui ai piqué ses bâtons de marche pour soulager mon entorse.
Le paysage vaut vraiment le détour. L'oued est très large et rempli d'eau. Il serpente entre 2 falaises très impressionnantes. Dommage que les grandes cascades qui coulent l'hiver soient à sec.
Nous arrivons finalement à un vieux pont désaffecté où une dizaine de singes magots font les clowns. Ils sautent d'arbre en arbre en se moquant de nous. Ils se cachent derrière le feuillage dès que nous braquons l'objectif de l'appareil photo sur eux. Une maman traverse avec un petit sur le dos. Trop mignon! 😍
Imad vient nous récupérer et nous roulons jusqu'à Targha pour déjeuner. Nous achetons 4 gros poissons (dorades?) dans un mini souk aux poissons, puis nous demandons au restaurant d'à côté de nous les griller (ba oui c'est pas con ce système. Ca évite aux restaurants de jeter de la nourriture plus très fraiche). Nous commandons en plus, une salade marocaine et quelques frites. Visiblement, ici aussi, il y a pénurie de moutarde.
Nous reprenons la route le long de la mer, puis rentrons dans les terres. Nous apercevons encore et toujours ces fameux champs de cannabis qui diffusent en permanence ce parfum étrange et ennivrant. Nous arrivons à notre gite de ce soir, qui ressemble plutôt à un refuge avec ses dortoirs et sa vétusté.
Ce soir, nous sommes un peu en conflit avec notre organisateur, Imad, car visiblement, il n'a pas étudié la carte pour la journée de demain. Nous lui avions juste demandé une petite randonnée aquatique dans l'oued El Kennar (aussi appelé El Kannar), et nous nous retrouvons en altitude, à devoir descendre 600 m de dénivelé et à les remonter en fin de journée (avec une entorse). Séverine ne se laisse pas faire. Elle lui montre sur la carte, que son itinéraire n'est pas réalisable à pied. On ne sait même pas si on va trouver de l'eau en bas.
Petit apéro à base de graines de tournesol et de vin blanc marocain assez costaud (13.5°).
Nous dînons devant un bon tajine beldi djaj (poulet fermier) aux légumes avec des coings, suivi de melons jaunes, bananes et pommes. Personne ne se parle pendant le repas. Le malaise est palpable.
Il finit par nous dire que demain matin, nous n'aurons pas besoin de faire la grosse descente à pied car il existe une piste que nous pouvons descendre en voiture en 20 mns. (Ouf!)
A suivre...
23/09/2022 - le vilain petit Kannar
09h00 : petit déjeuner traditionnel (olives, pain, huile d'olive, omelette, thé à la menthe, beurre fait maison🤢).
Nous plions bagages et entamons la descente de la piste, qui se révèle difficile dans certains virages. Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir remonter.
Nous arrivons sains et saufs au bout de 45 mns de piste au bord de ce fameux oued El Kennar, qui regorge de grandes vasques d'eau translucide.
Nous nous équipons avec Rachid (Imad a oublié son matériel) : combis, baudriers, casques, chaussures pour l'eau (il fait très chaud sous les combis sous ce soleil à 30 degrés). Sur les rives, de nombreux squats sont aménagés et de nombreuses tentes de camping sont montées pour la nuit. Nous constatons avec dégoût le nb impressionnant de détritus qui jonchent le sol et les bas côté. D'après Imad, cet endroit est mal fréquenté la nuit car tout le monde vient ici pour fumer le kif.
Nous dépassons la zone polluée et rentrons tous les 3 dans l'eau froide à contre courant. Que c'est agréable! Que cette eau est pure! Que c'est rafraichissant! Que ce canyon encaissé est impressionnant! Nous progressons de vasque en vasque en franchissant des petites cascades.
C'est trop beau...
C'était trop beau...
Car en escaladant un rocher, je prend appui sur mon pied droit et CRAC, c'est reparti pour un tour 🤕. Je décide de rester sur place assis sur un rocher et la cheville dans l'eau froide, pendant que Séverine et Rachid continuent à remonter l'oued. Une heure plus tard, les voilà qui reviennent. Il était temps car l'ombre s'est installée et il commence à faire froid. Ils ont poussé l'exploration du canyon jusqu'à une grotte d'où jaillit une vigoureuse petite source.
Nous rejoignons Imad qui nous attend pour un pique-nique ultra simpliste (une petite boîte de thon dans un demi pain) avec un petit verre de thé à la menthe.
Nous rejoignons la voiture pour nous changer et reprendre le chemin du retour par la piste, qui ma foi se passe sans anicroche. Nous filons à travers les montagnes, soit quasiment 40 kms de champs de canabis, poussant quelquefois le long de la route. Mon cerveau a définitivement classé l'odeur de kif dans son dictionnaire olfactif. Mon nez est devenu un véritable détecteur de kif. Je pense que je vais postuler à la douane pour renifler les valises 😎.
Les gars nous déposent à notre hotel de Chefchaouen "casa linda", où nous passerons 3 nuits. Il est temps de leur dire au revoir après ces 6 jours passés ensemble 😭.
L'hôtel est difficile d'accès, mais plutôt mignon, et surtout très en hauteur, ce qui nous permet d'admirer toute la ville. Le paysage est très différent : plus un seul champ de kif. D'après le gardien du parking, ils sont seulement à 500 m.
20h30: Ce soir tajine de poulet aux légumes (toujours pas de dessert).
24/09/2022 - le rêve bleu
09h00 : petit déjeuner bien fourni (chocolat chaud, thé à la menthe chefchaoueni avec la menthe dans le verre, jus d'orange, pain, confitures, miel, amlou aux cacahuètes), rkhaifs/msemen/meloui (crêpes marocaines carrées cuites au beurre).
11h00 : le loueur de voiture de Tanger vient de nous faire livrer notre Dacia (toute neuve) à notre hôtel. Nous voilà libres de nos mouvements. Direction : la médina de Chefchaouen! 🕌
Comme dans toutes les villes marocaines, il faut rouler doucement et être très attentif aux obstacles sur la route. Nous laissons la voiture dans un parking et nous dirigeons vers une des portes de la médina. Ca y est, nous y sommes dans cette fameuse ville bleue! Les murs sont bleus, le sol est bleu, les trottoir sont bleus, les portes sont bleues, les porches sont bleus, les taxis sont bleus, les mosquées sont bleues, les chats sont .... malades (ba oui, ça, c'est universel). Un gigantesque patchwork de bleu clair, bleu foncé, bleu violacé, bleu brumeux, etc... Ca nous donne parfois l'impression d'être dans un rêve et de flotter dans les nuages. Peut-être que les fumeurs de kif qui arpentent ces rues, et la fumée qu'ils répandent n'y sont pas étrangers 🚭.
Nous sommes dans des souks avec des boutiques qui vendent absolument tout: matelas, bijoux, épices, babouches, sacs en cuir, pipes à kif "golf"....
Nous nous arrêtons sur la place "El Haouta", pour y boire un jus de fruits pressé (orange/citron, orange/pêche) et manger une omelette et une crêpe pommes/caramel cuite au bilik 🥞.
Le patron nous prête son arme répulsive contre les chats mendiants : un bidon qui projette de l'eau (c'est assez efficace). Ambiance très sympa d'autant plus que cette place est piétonne.
Un peu plus loin, apparaît la kasba et sa place peuplée de restaurants et de vendeurs de peintures dans les tons bleus. Nous reviendrons sûrement demain soir à cet endroit.
Nous dégotons enfin une pharmacie qui va nous permettre de soigner nos blessures de guerre : chaussette de contention pour l'entorse + sparadrap, compresses et produit antiseptique pour l'ongle de Séverine qui lui fait des misères depuis le Toubkal.
Nous rentrons à l'hôtel, pas mal fatigués par ce tour de la médina en pleine chaleur. Glande jusqu'au diner : ce soir c'est couscous.
A peine installés devant la table, un gros chat beige planqué en embuscade sous la nappe nous regarde amoureusement. Quand le coucous arrive sur la table, il ne tient plus en place. Sa grosse tête ressort de sous la nappe avec son regard attendrissant, mais il reste silencieux pour ne pas se faire repérer par les employés de l'hôtel. Comme nous pouvons pas résister à son numéro de charme, nous lui posons discrètement une assiette remplie de gras de boeuf. Il se jette dessus en ronronnant. Trop mignon. Le pauvre finit par se faire virer de la salle à manger à coups de pierre par un touriste Allemand.💔
25/09/2022 - les cascadeurs
Aujourd'hui, nous avons programmé de marcher pendant environs 2 heures jusqu'à la grande cascade d'Akchour. Nous savons qu'elle est quasiment à sec, mais ça nous donne un but.
Depuis Chefchaouen, nous roulons 45 mns jusqu'à l'auberge Rueda, où nous avons déjà séjourné 3 nuits, puis nous passons devant les fours à pain où nous achetons 5 dirhams, un grand pain marocain pour le pique-nique. Nous stationnons sur le parking d'Akchour d'où nous étions partis pour les 2 jours de canyoning.
Nous longeons l'oued El Kelaa par la gauche. Une multitude de petits vendeurs de tajines et de boissons ont installé leurs salons de jardin carrément dans l'eau ou à l'ombre des figuiers. Des sodas et des oranges refroidissent tranquillement dans l'eau du torrent pendant que des tajines cuisent sur des feux de bois. L'eau est très abondante et les bassins translucides se succèdent. Que c'est beau! On aimerait tant se baigner dans ces superbes bassins.
Nous choisissons de continuer car la cascade est loin. Il faut au moins 2 heures de marche. Nous marchons marchons marchons marchons... Il fait chaud, nous avons mal partout et cette rando est interminable. Il faut en réalité marcher 8.5 km pour atteindre la cascade, soit 2h30 de marche éreintante. En effet la cascade n'est plus qu'un petit filet d'eau qui tombe dans un petit bassin.
Nous faisons une pause de 20 mns le temps de manger le sandwich et de boire un soda, puis nous reprenons le chemin du retour. Quelle souffrance. Nous aurons parcouru 17 kms au lieu des 12 kms prévus (merci internet!).
En repassant devant l'auberge Rueda en voiture, nous récupérons un viellard autostopeur avec une seule dent. Il faut savoir s'entraider dans ce pays, d'autant plus que le litre de gasoil est à 15 dirhams, le même prix qu'en France. Si on considère que les salaires sont 4 fois plus élevés en France, on peut dire qu'ils paient l'essence 6 euros le litre 🥶. "N'a-qu'une-dent" souhaite qu'on le laisse au rond point, on ne sait pas de quel rond-point il parle, mais nous parcourons en réalité une vingtaine de kms avant d'atteindre ce fameux rond-point et le déposer, un peu avant Chefchaouen.
Nous arrivons à la Casa Linda pour une bonne douche bien méritée. Puis nous repartons dans la ville pour découvrir l'ambiance du soir à Chefchaouen. Sur la place de la kasbah, il y a beaucoup d'animation: des montreurs de perroquets, des musiciens, des expos de peintures, des rabateurs de restaurants. Et ça tombe très bien car nous sommes surtout venus pour manger. Nous jetons notre dévolu sur un tajine Showya (beuf, tomates, oignons, olives) accompagné d'un petit plat de caviar d'aubergines (zaalouk) et un autre petit plat de poivrons cuits très pimentés. C'est top! Le patron, voyant notre déception de ne pas avoir de dessert, nous offre 2 "chebakia", petits gateaux marocains au miel (amandes, miel, fleur d'oranger, cannelle)😋. Trop sympa, c'est délicieux.
Retour à l'hôtel pour un repos bien mérité.
26/09/2022 - Tajine au paradis
Après un petit déjeuner assez animé par un des chats de l'hôtel qui nous a fait un numéro de charme incroyable, nous quittons définitivement la Casa Linda.
Nous retournons encore une fois aux cascades d'Akchour, mais cette fois nous suivons l'oued qui est sur la droite : l'oued Farda (celui de gauche s'appelle l'oued El Kelaa). Nous sommes lundi et les marocains ont repris le travail, nous croisons juste quelques touristes. Ici encore, des dizaines de vendeurs de tajines ont installé leur tables tout le long des vasques d'eau ou bien carrément dans l'eau. Des gens boivent des thés à la menthe chefchaoueni et plongent dans ces magnifiques piscines naturelles.
1/2 heure plus tard, après avoir traversé quelques ponts en bois, le chemin s'arrête devant une vertigineuse arche naturelle, appelée "le pont de Dieu". C'est par ici que Séverine et Imad sont sortis du canyoning, le lendemain de mon entorse. Effectivement, l'endroit est absolument magnifique. Ça vaut le détour.
Nous redescendons un peu plus bas pour manger un tajine de poulet devant un bassin et une petite cascade. Instant magique. Le paradis doit ressembler à ça, c'est certain.
Nous récupérons la voiture en direction de M'diq, près de Tetouan. Nous avons loué un appartement pour 3 nuits, à 100 m de la plage. Mais voilà, il y a un os! 5 mns avant d'arriver à notre destination, notre 4G se coupe. Plus de GPS! Nous essayons d'appeler la dame qui doit nous donner les clés : pas de réponse. Le stress monte. Les aléas des voyages. Notre carte Inwi nous donnait droit à 10 Go et nous avons consommé à 5 Go. Cette idiote de vendeuse a dû basculer 5 Go de crédits sur les appels téléphoniques.
Heureusement, sur le document fourni par booking, nous avons les coordonnées GPS et avec l'application MAPS.ME, qui nous a sauvée plus d'une fois, nous pouvons utiliser le GPS sans 4G.
Cerise sur le gâteau, c'est jour de souk autour du point GPS. Avec une chance incroyable, nous trouvons une place de parking, et une dame vient vers nous avec un trousseau de clés. Ouf. Elle ne parle par français, ni anglais, ni espagnol. Donc même si elle avait décroché son téléphone, ça n'aurait pas fait avancer le schmilblic. L'appartement est très propre, spacieux avec tv, wifi, lave-linge, à deux pas de la mer et tout ça pour moins de 30 euros la nuit.
Petite balade nocturne le long de la mer, puis dans le souk où ils vendent exclusivement des chaussures. Au choix : soit des copies chinoises très bluffantes, soit des vraies chaussures de marque d'occasion.
Au menu de ce soir: brochettes de viande, zaalouk (aubergines) et tajine de fruits de mer (une grande première: avec crevettes, gambas, moules, calamar, et clams).
27/09/2022 - Tetouan
Cette journée est consacrée à la découverte de la ville de Tetouan, la plus grosse ville du rif occidental. Pour accéder à la médina, il faut remonter un boulevard rectiligne qui s'étend sur des kilomètres. Une fois sur place, c'est un bordel sans nom. Il y a autant de taxis (bleus et blancs) que de voitures. Les rues sont très étroites et il est impossible de se garer.
Première tentative : le GPS nous dirige vers la place Hassan II, mais on nous fait comprendre que c'est interdit (palais du roi).
Deuxième tentative : un homme court devant nous pour nous emmener dans un parking qui est plein (nous lui faisons comprendre que nous ne voulons pas de guide).
Troisième tentative : un gardien de parking avec un chapeau de paille et un dossard jaune nous montre une place libre juste devant l'institut de langue espagnole. Le gars est très méticuleux, il faut se garer au millimètre près. Ouf, nous sommes enfin garés. Sauf que .... le gars a improvisé un parking sous un panneau "interdiction de s'arrêter" (lol). Nous récupérons nos 10 dirhams et repartons, furieux.
Quatrième tentative : nous tentons un vrai parking soutertain dans un quartier un peu plus haut. Bingo ! Il est quasiment vide.
Après 1 heure de perdue pour garer la voiture, nous entrons dans la médina par la porte "bab tut". Nous sommes aussitôt immergés dans les souks. Du monde partout, des objets d'occaz dans tous les coins. Et aussi beaucoup de fausses marques Adidas, Nike, Lacoste,... On dirait un vide-grenier géant.
Les souks sont tout de même organisés par secteur d'activité. La porte "bab tut" est spécialisée en poissons et primeurs. Mais un peu plus loin, le souk des tissus, le souk de l'orfèvrerie, le souk des menuisiers, le souk des épices. La médina de Tetouan est trop étendue pour que nous puissions tout voir.
Nous constatons une nouvelle fois que les vendeurs du souk, à quelques exceptions près, ne parlent que espagnol. Et, chose très étrange, ils ne nous sautent pas dessus quand on s'intéresse à une paire de babouches. Nous ne sommes pas habitués à ça.
Un vieux monsieur nous propose de monter sur une terrasse panoramique pour admirer la ville de tout en haut. Nous traversons une énorme boutique de tissus, de poteries et de sacs en cuir, pour emprunter un petit escalier intérieur, menant à la fameuse terrasse. Nous apercevons un peu de mer au loin, une dizaines de mosquées, le palais du roi (seul endroit où il y a des arbres), et tout le reste est moche et délabré. Nous ne prenons même pas de photo.
Nous faisons une petite pause devant le palais du roi, très surveillé, même pendant son absence. Un policier nous autorise à prendre une photo.
Petite pause pique nique dans le seul parc boisé proche de la médina, lui aussi pas très "instagramable", avec des fontaines détruites et des poubelles cassées. Curieusement des herons garde-beufs ont élu domicile dans un grand arbre en pleine ville. Nous donnons quelques bouts de pâté à un chaton squelettique et rentrons au parking.
Globalement, nous n'avons pas été très emballés par cette ville.
Retour à notre appart de M'diq (prononcer "midic") pour une petite sieste avant notre sortie nocture. Les vieux du café d'en bas sont encore 8 autour de la table, ambiancés par une partie de dominos endiablée.
Il fait nuit. L'ambiance est géniale. Les vendeurs de chaussures et de vêtements se sont réinstallés, et nous découvrons une rue remplies de chalands. A priori, c'est l'époque du raisin. Il y en a partout. Et aussi des bananes, des pêches, des grenades, des poires, des pommes, en plein milieu de la rue dans des bassines. Cette rue remonte jusqu'au "marché commun" (le souk permanent) avec une multitude de boutiques. C'est le moment de refaire notre stock de coupe-ongles 🤣
Ce soir, au menu : crevettes grillées et calamars/riz.
28/09/2022 - vamos a la playa
Aujourd'hui, c'est la journée OFF. Rien de prévu, pas de rando, pas de truc à visiter. On improvise (une grande première 😁).
Ce matin, nous nous promenons tranquillement le long de la plage de M'Diq, en admirant la belle mosquée bleu clair et l'église espagnole voisine de la même couleur. Il fait déjà très chaud et les arroseurs automatiques tournent à plein régime sur les pelouses et pieds des palmiers. Visiblement, pas de restriction d'eau dans cette ville. Des bars sur 4 étages sont bondés, les gens boivent leur thé à la menthe ou leur café.
Nous prenons de quoi pique-niquer et prenons la voiture en direction de l'énorme plage de Martil, un peu plus au sud-est. Les routes sont interminablement rectilignes et limitées par endroit à 60, 40, voire 20 km/h. Tellement rectiligne, qu'un p.. de radar nous flashe à 71 km/h au lieu de 60 km/h. Et le policier, dans son extrême bonté, nous colle un p.. de PV de 15 euros.
Nous voilà sur la plage de Martil, au "cabo negro". Pour 2 euros, nous nous installons sous un parasol équipé de 2 chaises et 1 table en plastique orange. Le vent souffle très fort et fait tout valdinguer à maintes reprises, même les chaises. Nous pique-niquons tant bien que mal, malgré les bourrasques et le sable qui nous rentre dans les oreilles.
Il n'est pas trop possible de faire la sieste sur cette plage, car en plus du vent, nous avons la visite: d'un marchant de graines, d'un mendiant, d'un chamelier, d'un vendeur de café avec sa grosse thermos, d'un joueur de violon...
Nous sommes du côté méditerranée, mais l'eau est quand même un peu fraiche (21°C). Severine se baigne à moitié, mais pas de baignade pour ma part.
Nous reprenons la voiture pour visiter Martil. De grandes et belles résidences flambant neuves sont en vente et donnent un côté moderne à la ville, mais dès qu'on dépasse cette zone, on tombe sur la "vraie" ville de Martil : des maisons délabrées, des rues sales, des étalages de vêtements entassés grossièrement, sur des dizaines de mètres. Mais au moins, cette partie de la ville a le mérite d'être vivante. Nous nous arrêtons près d'un pont pour photographier quelques oiseaux qui se nourrissent dans la vase: 10 cigognes, 2 spatules, des hérons cendrés, des aigrettes garzettes.
En arrivant sur le parking des résidents, comme nous en avons marre de raquer 20 dirhams à chaque fois qu'on se gare, Séverine tente un truc. Elle dit au gardien de parking "on a déjà payé" en lui montrant le ticket d'hier. Et le pire c'est que ça marche. Le gars nous répond "déjà payé? Ha d'accord." 😂
Après notre petite glande habituelle avant le dîner, nous partons en quête d'une nouveauté culinaire. Notre choix de ce soir : soupe de poisson (au top), pizza viande hachée fromage et spaghetti bolognaise.
Par malheur (bonheur?), nous passons devant une patisserie. Nous nous retrouvons sans trop comprendre pourquoi ni comment devant un thé à la menthe et 8 petits gâteaux marocains à se tapper les fesses par terre.
Nous remarquons quelques gens bizarres qui passent devant nous. Un gars d'une cinquantaine d'années qui s'est pissé dessus a l'air complètement défoncé devant son Audi, un autre devant lui, plus jeune, semble être dans le même état. Un gardien de parking avec un gilet jaune semble lui aussi planer à 15 mille. La drogue, c'est vraiment moche!
Nous finissons cette journée tranquille par une petite promenade dans les souks. Ils vendent des sandales Birkenstock à 15 euros et des pantalons "pull and bear" à 3 euros (comment ça "c'est des faux" ? Y'a encore les antivols dessus).
Minuit : les services municipaux viennent nettoyer au karsher la place qui est sous notre fenêtre.
Bonne nuit.
29/09/2022 - l'Espagne
Petit coup de ménage avant de quitter ce très sympathique appart de M'Diq, puis nous chargeons les bagages dans la voiture.
Un gars du parking nous fait un scandale parce qu'il s'est rendu compte que nous n'avions pas payé les 20 dirhams la nuit dernière. Bon ok ok on va payer. Pas facile d'arnaquer un marocain 😆.
Nous roulons en direction de Tanger jusqu'à une petite crique appelée Belyounech. Pour accéder ce village, nous devons passer devant pas mal de contrôles de police qui scrutent notre banquette arrière avec suspicion. La crique où nous nous rendons touche "Ceuta", territoire espagnol. Les migrants peuvent y accéder par la mer ou par la terre et franchissant les barbelés. Les postes militaires et les patrouilles de forces auxiliaires veillent au grain.
Encore une fois, nous sommes tous seuls sur cette plage, avec pour seule compagnie un gentil chien qui dort sous un parasol et quelques plongeurs. Nous sommes juste en face du rocher de Gibraltar. On ne dirait pas que 15 kms nous séparent. Les côtes espagnoles semblent tellement proches.
Nous reprenons la route vers Tanger. Nous longeons "Tanger Med", cet immense port commercial, lui aussi très surveillé, avec ses grues géantes, ses conteners, ses camions, ses embarcadères pour voitures de tourisme.
Puis vient enfin la ville de Tanger, immense, blanche, s'étendant le long du littoral.
Nous atteignons notre dernier hôtel du séjour. Ca sent la fin 😭
Ce soir, c'est burger king! Pas très marocain, mais ça nous permet de découvrir la galerie commercial de Carrefour (on dirait Leclerc Atlantis). Elle est gigantesque et abrite des magasins comme Lacoste, Apple, Camaieu, domino's pizza, opticien krys, timberland, boulangerie Paul, ... On se croirait vraiment en France. Et les prix sont bien français aussi.
30/09/2022 - la grotte d'hercule
La journée s'annonce assez tranquille.
Ce matin, au programme : petit dej, transat, piscine, transat, piscine, transat, piscine, transat, "à la coulos quoi" 🏊♂️ ⛱️
14h : finie la glande. Nous partons en direction de la grotte d'Hercule, lieu à priori à ne pas manquer. Le prix est très cher pour visiter une simple grotte : 6 euros pour les non-marocains et 1 euro pour les marocains. Nous payons pour entrer car c'était quand même le but de notre journée.
Comme nous l'avions imaginé, la galerie n'est pas très longue, et débouche sur une vaste grotte avec une ouverture sur la mer "en forme d'Afrique à l'envers". Il faut l'avouer, c'est vraiment très beau. Nous sommes du côté océan atlantique. Les vagues viennent s'écraser sur les rochers en contre-bas. Nous remarquons également au plafond un trou naturel par lequel devait passer une source, qui a vraissemblablement creusé cette grotte.
12 euros pour ça, c'est quand même du vol...
Pour tuer le temps, nous arpentons l'énorme plage en passant devant les bars et restaurants faits de bric et de broc. En cette fin d'été, des touristes louent encore des transats et des parasols. Un homme s'est aménagé un coin abrité en pièce de vie avec son surf posé sur le côté, et en hauteur une autre pièce, fermée par un rideau (sa chambre?).
Il y a un phare à visiter, mais à pied, ça fait une trotte. Nous reprenons la voiture.
Le phare du cap Spartel est bien entretenu et entouré de mignons petits jardins, mais c'est encore payant. Tant pis.
Nous reprenons la voiture pour un endroit un peu plus sauvage. Nous empruntons le petit chemin côtier qui longe les bars et restaurants et nous arrêtons pour boire un soda. Notre table est disposée sur une petite plate-forme surélevée, sur laquelle les vagues viennent s'écraser. C'est féerique!
Nous marchons un peu plus loin, à la recherche d'un vrai truc à manger car ce bar ne cuisine que de la soupe.
A une centaine de mètres, nous commandons un tajine de poulet (60 dirhams) avec 2 thés à la menthe (10 dirhams). 4 euros chacun, c'est franchement pas cher, d'autant plus que l'endroit est un petit paradis. Nous sommes à nouveau au raz des vagues, un peu en hauteur, sous un parasol de paille, et nous mangeons notre tajine devant le coucher de soleil, entourés de chats qui réclament leur pitance.
Etrangement, nos chaises en plastique bleues prennent soudainement un côté très romantique. Nous remontons au parking dans l'obscurité face à un horizon enflammé par le soleil mourant.
Retour à l'hôtel.
Au programme de demain : la medina de Tanger.
01/10/2022 - Mr "les secrets"
Toute la nuit, des mini-moustiques nous ont tourné autour et nous ont piqués. Ils sont tellement petits, que même quand on allume la lumière, on ne les voit pas. J'en ai tué 2, mais le troisième reste introuvable. Cette espèce est nouvelle pour nous. Ni le gros moustique classique, ni le moustique tigre. Mais un certain "moustique anophèle", très malin et dont les piqûres ne démangent pas (ouf).
Ce matin, même programme qu'hier : ptit dej, transat, piscine, transat, piscine...
Séverine reste bouche bée devant un objet posé sur une table, à côté de la bouilloire et des sachets de thé : UNE P... DE PRISE ANTI-MOUSTIQUES!
14h : nous rejoignons la médina de Tanger assez facilement. Contrairement à nos préjugés, pas trop de circulation et parking facile à trouver.
Nous entrons par une porte (bab) donnant sur un petit parc herbeux plutôt agréable, prolongé par la très pentue rue d'Italie. Rien à voir avec la médina de Tetouan, où l'on se retrouve agglutiné dans les étroites ruelles des souks.
Les grands axes qui traversent la médina sont plutôt larges et communiquent grâce de petites ruelles très agréables, composées de boutiques et de terrasses de cafés, et surtout très chargées d'histoire. Cette ville a connu l'occupation arabe, espagnole, portugaise et anglaise. De quoi faire un beau livre de récits.
Nous croisons un petit monsieur avec un blouson jaune fluo et une mini pince à linge fixée sur le haut de ses lunettes. Il dit s'appeler "Mr les secrets" et nous propose de nous montrer, gratuitement, les coins secrets de la ville de Tanger. Et pourquoi pas? Il nous montre sur son téléphone, ce qui fait sa fierté : une photo de son père, à l'époque portier d'hôtel, tenant le bras de Winston CHURCHILL !
Il nous montre l'église espagnole, puis une ancienne église transformée en mosquée, la première école, la première banque transformée en hôtel. Puis il nous emmène sur les remparts surplombant le port et la grande mosquée, sur lesquels sont disposés 6 gros canons anglais plutôt dissuasifs.
Au pied des remparts, un petit mémorial retrace l'histoire de la ville agrémenté de photos historiques (Churchill, Guillaume 2, Nasser, les 6 navires français détruisant le port, etc..), et de la balance métallique qui servait à peser les marchandises des bateaux. Il nous explique que l'étoile marocaine comportait à l'époque 6 branches et que pour se différencier des juifs, elle s'est transformée en étoile à 5 branches. Il nous abandonne car il a rdv au café (et c'est bientôt l'heure de la prière).
Nous flanons un peu au hasard dans les ruelles. Le tour de la médina est finalement assez rapide.
Nous avons un mal fou à trouver du cumin et du curcuma. Ici, il n'y a pas vraiment de souks. Un peintre d'une cinquantaine d'années dont le bob cache une belle calvitie, nous invite à le suivre jusqu'à un marchand d'épices, "le meilleur de Tanger" semble t-il. Il parle tout doucement et marche au ralenti (on est bien dans le rif). La soit disant boutique d'épices, est en réalité un repaire d'arnaqueur qui vend des herbes, des produits cosmétiques et quelques épices. Il nous vend des sachets de curcuma de 150 g qui en font réellement 50 g. Promis, c'est la dernière fois qu'on met les pieds dans ce genre de boutique.
En sortant du magasin, je dis au marchand "tiens le gars qui vient de passer fume du kif!". Il me répond : "oui bien sûr, tu en veux?" (Mdr, c'est bien un herboriste).
Il est temps de rechercher un endroit pour dîner car il faut ensuite rentrer à l'hôtel et rendre la voiture de location à 21h. Il commence à faire nuit et la ville si calme ce midi est devenue un enfer. Des voitures partout, provoquant de gros embouteillages. Les gens roulent n'importe comment et la conduite est épuisante nerveusement et physiquement pour Séverine.
Nous n'avons désormais plus le temps de trouver un endroit pour manger. Nous prenons la direction de l'hôtel et nous mangerons rapidement dans la galerie de Carrefour. Nous venons de réaliser que nous sommes samedi soir et que tous les marocains sortent en famille ce soir là.
Le parking de Carrefour est bondé, nous trouvons une place in extremis. Le coin restaurant est bondé également et extrêmement bruyant. Et cerise sur le gâteau, le snack met 30 minutes à nous faire 2 kebabs, ils sont d'une lenteur extrême et complètement désorganisés, c'est vraiment très agaçant et très stressant. Nous courons à l'hôtel : pile à l'heure pour rendre la voiture. Ouf! Fini le stress et ce bain de foule inattendu.
Ce soir nous bouclons nos valises car demain c'est le grand départ.
02/10/2022 - Bordeaux, le retour
8h30 : Notre vol est à 11h10. Le taxi touristique (qui travaille avec les hotels) est à l'heure.
Le chauffeur est très bavard et nous raconte l'histoire d'une star locale, un certain "Hmidou DIB (le loup)", le "Pablo ESCOBAR" du rif, le plus gros trafiquant de hachich de toute l'histoire du Maroc. Le gars était intouchable, grâce à son argent. Il a construit des mosquées pour amadouer le roi. Il a donné de l'argent et de la viande au peuple, qui l'adulait.
Les multiples critiques occidentales envers le gouvernement marocain et sa complicité avec ce baron de la drogue, l'ont finalement conduit en prison en 1997 pour 15 longues années, dans une prison dorée. Avec lui sont tombés de nombreux haut fonctionnaires. Quelle histoire incroyable!
Nous montons à l'heure prévue dans l'avion, mais la porte reste ouverte. Des gens en retard continuent à rentrer dans l'avion, sans stress, sans se presser, comme si de rien n'était. Incroyable!
Avec 20 minutes de retard, la porte se ferme enfin. Mais, comme c'était à prévoir, le pilote nous annonce "nous avons raté le créneau de décollage. Nous aurons un nouveau créneau dans 40 minutes".
Franchement, vous imaginez ça en France???
Nous arriverons finalement à Bordeaux avec 45 minutes de retard, pile à l'heure pour récupérer nos covoits.
Encore une fois, ce voyage au Maroc a été très enrichissant, plein de rencontres, plein d'imprévus, plein de paysages magnifiques, plein de soleil et d'épices.
Vivement le prochain 🙂