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Tranquille, on est en vacances

Maroc Avril 2018

 5/04/2018, J -6

Salut,

Cette année, surprise : nous partons au Maroc !!

Séverine nous a concocté un sympathique petit circuit de 1598 kms, 2 fois plus qu'en 2016, mais on est routards ou on ne l'est pas.

Nous atterrissons à Marrakech et filons directement à la vallée du paradis, près d'Agadir, autrefois très convoitée par les hippies. Ensuite nous longerons la mer jusqu'à la fameuse "plage blanche" de Guelmim, puis nous irons bivouaquer dans le désert (normalement, pas d'internet pendant 5 jours : quel bonheur...). 

Ensuite direction Ait Ben Haddou, où se situe le fameux ksar, servant de décor à de nombreux films des studios Ouarzazate.

Puis enfin, la récompense : les majestueuses cascades d'Ouzoud, que nous verrons pour la 4 ème fois.

Voici notre itinéraire :

carte maroc Avril 2018

samedi 22 avril

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Tours 11h50 : décollage du boeing de ryanair sans encombre. Alors que Séverine, Julien et Maxime sont assis tous les 3 à ma gauche, une dame aux cheveux peroxidés viens s'asseoir sur le siège vacant à côté de moi pour "se rapprocher de sa fille", assise derriere nous. Pas de bol, me voilà assis à côté de LA FOLLE de l'avion pendant 3 heures. Elle me raconte sa vie, croit que le beau steeward marocain la drague, achete 2 flacons de parfum et se parfume dans l'avion, parle tout haut à sa fille qui n'entend pas à cause de ses écouteurs. Et pour couronner le tout, l'avion est pris dans de grosses turbulences pendant au moins une minute. Tout tremble de partout, les gens se cramponnent en silence. En silence, sauf ma "copine" qui se met à hurler "j'ai peur j'ai peur holala j'ai peur!" en se cramponnant à moi. La sieste et la lecture semblent compromises...

Le nouvel aéroport de Marrakech est superbe avec ses grands halls, ses boutiques, son plafond boisés et ses murs vitrés.

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Nous achetons une carte sim Inwi et récupérons notre voiture de luxe habituelle : j'ai nommé la "Dacia logan" avec gps et clim s'il vous plait. Puis direction Agadir, Immouzer et Aqesri où se situe l'hotel Tifrit. Nous y arrivons vers 20h exténués par le voyage, et là, surprise, Rachid, le gérant nous indique que notre chambre que nous avons réservée depuis des semaines a été prise par une autre famille de 4 personnes. Lol. C'est une blague?? Il nous propose de passer la première nuit chez un ami qui tient une chambre d'hôtes à 2 kms. Après 2 brochettes et quelques frites, nous partons nous y installer. Haaaa enfin, nous allons pouvoir nous reposer.

Mais voilà, comme un pb n'arrive jamais seul, cette chambre d'hotes fait moitié bar de nuit, avec musique électronique à fond et match de foot diffusé sur une chaine espagnole avec le son au max bien évidemment. La chambre est jolie et fraichement restaurée, mais pas de pq et 1 serviette pour 4. On se lève à 6h demain matin, il va falloir que le gérant nous règle tout ça rapidos. Nouveau pb, ce crétin est parti s' occuper de son bar et a fermé à clé la porte du batiment. Nous voilà prisonniers au dessus d'une "boite de nuit". La moutarde me monte au nez. Je commence à gueuler par la fenêtre et à tambouriner contre la porte d'entrée: pas de reponse. Je persiste en frappant sur la porte de plus belle. Le gars finit par se pointer, tout étonné et nous promet de "fermer la boutique" à 23h. Ce qu'il fit. Mais si on prend en compte les bagarres de chiens errants toute la nuit, je peux vous dire que la nuit fut courte. Il va nous entendre le Rachid.... Une chose est sûre, on est bien arrivé au Maroc...

dimanche 22 avril

levé 6h, petit dej à l'hotel Tifrit à 7h, nous arrivons à respecter le planning, c'est cool.

Il faut maintenant que nous trouvions notre point de rdv avec JC, notre guide-canyoning, situé à 1h15 d'ici. Grace à internet sur le téléphone (merci Inwi), nous arrivons à utiliser Waze pour le gps et Whatsapp pour le chat. Nous trouvons sans grosse difficulté le village de Tanit et JC.
Il est francais, prof de maths au collège de Marrakech, et s'est spécialisé dans la recherche de canyons au Maroc et les équipes pour les descentes en rappel. Nous sommes accompagnés de Norbert, guide de haute montagne, Joseph (Youssef), étudiant à Marrakech, le "padawan" de JC, et 2 gars du village, Ahmed et Lahcen. Quelle équipée!
Nous partons en 4X4 sur quelques kilomètres. Severine et les enfants s'installent sur le toit, à la marocaine, avec Joseph. Nous sortons les sacs étanches et les équipements: casques, combis, baudriers pour le canyon, gants, chaussons neophrene, bidons étanches, sacs étanches et c'est parti. Yallah!

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Nous marchons toute la matinée dans un canyon avec quelques flaques d'eau. JC est très pédagogue et nous apprend à fixer la corde au descendeur, fixé au baudrier. Ensuite, nous entamons notre premier petit rappel. C'est une grande première pour Maxime.

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Nous voilà arrivés à la partie du canyon où l'eau coule toute l'année. Nous sortons les pique-niques. C'est aussi le moment de mettre les combinaisons et de protéger les objets fragiles dans les bidons étanches. C'est parti pour l'aventure.

Les gars du village font demi tour. Ils ne veulent pas nous suivre dans la partie aquatique. Nous ne sommes plus que 7.
Nous marchons dans l'eau au milieu de gros rochers, nous passons dans des trous, sous des petites cascades, et nous enchainons sauts, rappels et glissades sur les fesses. C'est génial. D'autant plus que plus on avance, plus le canyon est vertigineux. Quel spectacle! Nous nous sentons tout petit devant la nature et ses falaises majestueuses.

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La dernière étape: la récompense!
Nous arrivons sur une plate forme rocheuse qui surplombe un long couloir d'eau d'environ 200 mètres de long et 5 mètres de large. Nous sommes à 8 mètres de haut et la plate forme est glissante et en pente douce.

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Nos guides ont porté dans un gros bidon étanche, une perforeuse Hilti sans fil, pour ajouter des broches dans la paroi sur la droite. Et hop en 1/4 d'heure à peine, une nouvelle voie de rappel est en place.

Nous avons donc 3 choix possibles: sauter de 8 mètres depuis la pente glissante, faire le petit rappel ou le grand rappel qu'ils viennent d'installer. Julien, le plus téméraire, tente le saut de 8 mètres. Ca me tente aussi, mais j'attends de voir.. :) JC lui installe une corde en travers pour qu'il puisse s'accrocher avec son baudrier, s'approcher du bord glissant, se détacher, puis sauter. Manoeuvre très risquée. JC s'approche du bord avec lui et nous filmons la scène, plein d'admiration pour ces 2 mecs courageux (pour être poli). Finalement, ce ne sera pas un saut, mais un rappel + un saut de 4 mètres. Sauf pour Séverine qui expérimente un rappel au dessus de l'eau...

Tout le monde est en bas, dans le couloir d'eau, que nous remontons lentement à contrecourant, handicapés par nos combis neophrene. Une mega piscine olympique, c'est magique.

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Nous rentrons au village pour secher sur le toit en terrasse d'une maison et prendre un thé à la menthe bien mérité, accompagné de pain, de miel, d'amlou et de cacahouètes grillés salées: le pied!

Retour à l'hôtel Tifrit, pour prendre enfin possession ne notre chambre et manger un couscous bien mérité.

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lundi 23 avril

Ce matin, nous ne sommes pas pressés, petit dej à 10h.
Rachid nous donne un plan griffonné sur un papier au stylo. Il s'agit d'un parcours de 3 heures que nous pouvons effectuer par nous même, sans guide. Il descend le long d'une piste, traverse un village, puis une palmeraie, puis des jardins. Le temps est incertain et tourne même à la pluie. Nous improvisons donc une petite sieste le temps que la pluie cesse.

La pluie s'est arrêtée, mais de gros nuages nous menacent toujours. Nous entamons la randonnée en passant par l'épicerie, où nous trouvons comme à l'accoutumée, du thon à la tomate, des sardines épicées, de la vache qui rit et des oranges. Malheureusement, au bout d'1/4 d'heure de marche des trombes d'eau nous contraignent à rebrousser chemin. Nous finirons dans la partie restaurant de l'épicerie pour déguster notre pique-nique de fin gourmet.

De retour à l'hôtel, nous enfilons des vêtements secs et filons en direction de la vallée du paradis, à la recherche de grandes vasques d'eau. Nous retrouvons le parking et des sentiers jonchés de détritus de toutes sortes, comme il y a 3 ans. Pourtant, ils ont installé des poubelles métalliques pour le tri sélectif, et d'après Rachid, un grand nettoyage a permis de collecter 72 camionnettes de déchets en 2017. Je pense qu'il faut provoquer une prise de conscience chez les marocains, que les déchets gachent le paysage et nuisent au tourisme.

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On en trouve également sur les abords des vasques d'eau et parfois des bouteilles plastiques flottent sur l'eau.

Nous récupérons la voiture et prenons la direction de l'hôtel, quand soudain nous croisons un homme marchant au bord de la route: c'est Jimmy, notre guide d'il y a 3 ans!!! demi-tour!!

Il se souvient de nous et nous invite à boire le thé chez lui. Nous faisons la connaissance de Wassim, son fils qui avait été opéré du coeur en Suisse grace à une association, puis de Fatima, sa femme.
Sa maison est petite et épurée. Un petit coin salon et un petit coin cuisine leur servent de pièce de vie. On sent que l'argent manque pour vivre correctement, mais l'hospitalité et le sourire marocain sont là, quoiqu'il arrive. Il nous amène du pain, de l'amlou et de l'huile d'olive. Il nous explique ses pbs de santé et les difficultés qu'il rencontre pour se faire opérer à l'hopital de Casablanca. Pour faire simple, les riches passent avant, les pauvres passent après.

Nous lui parlons de canyonning et il nous explique qu'un ami français qui recherche des nouveaux canyons au Maroc est venu chez lui avant hier pour manger le tajine. JC? Non, sérieux que le monde est petit! C'est drôle quand même. Sans le savoir, nous fréquentons les mêmes lieux et les mêmes personnes.

Nous le quittons et rentrons à l'hôtel pour un délicieux tajine omelette / boulettes kefta: un délice.

Rachid parle un français impeccable, et pour cause, il a vécu 3 ans en Bretagne, par le biais d'une association qui lute pour l'amélioration des conditions de vie de certaines populations. Par cette assoc, il a voyagé en Algérie, au Niger, en Espagne, en Allemagne, en Norvège, au Danemark, ... Il connait la région d'Agadir sur le bout des doigts et vient de passer le concours de guide officiel, qu'il a raté d'1 point. Il pense le retenter en Mai prochain. Etant le seul candidat pour cette region, je pense que le Maroc lui attribuera ce diplôme avec les plus grands honneurs.

mardi 24 avril

Ce matin, nous quittons la vallée du paradis. Nous partons vers Agadir, Tiznit, Mirleft, Sidi Ifni, Guelmim, puis le fort bou jerif.

La route vers Agadir démarre à travers les montagnes, le long d'un oued jalonné de lauriers roses, des bougainvilliers et de vasques d'eau. On comprend aisément pourquoi les hippies sont venus en masse squatter ce sanctuaire de sérénité.

Puis nous descendons peu à peu vers la mer, à travers des "champs" de cactus, en partie plantés par l'homme pour recolter les fameuses "figues de barbarie" (cf berbèrie). Agadir est une ville moderne, où l'on trouve de tout : un concessionnaire, auto, un centre de remise en forme, un decathlon, et la même fumée de gasoil qu'à Marrakech. Franchement, cette ville n'est vraiment pas attrayante pour des vacanciers en recherche d'air pur et d'aventure. Nous passons rapidement notre chemin.

Nous filons à Tiznit et pénétrons dans la médina pour nous mêler aux badauds et aux marchands de fruits et légumes qui poussent leurs gigantesques chariots. Ils vendent des poires, des pommes, des oranges, des bananes, des mangues et aussi de curieux petits fruits oranges qu'ils appellent des nèfles (les nôtres sont plutôt marrons et limite pourries).

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Nous mangeons dans un petit restaurant un tajine de poulet et des omelettes, occasion de déguster nos delicieux fruits fraîchement achetés. Un client du restau accepte de nous emmener à la source bleue et aux ateliers des bijoutiers. Cette source a été decouverte il y a plusieurs siècles par une femme, puis de nombreuses familles sont venus s' installer autour. Elle est l'origine même de la ville de Tiznit.

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Juste en face, nous visitons les ateliers des artisants bijoutiers qui travaillent uniquement sur de l'argent: ils nous montrent bagues, bracelets, colliers, boucles d'oreilles, et même la commande speciale d'une ceinture en argent, pour une future mariée. Il faut compter 15 jours pour la fabriquer. Pressés par le temps et limités par le porte-monnaie, nous ne demandons pas les prix et quittons la ville.

Nous rejoignons la mer et passons par Mirleft, puis Sidi Ifni avec désormais, ses 2 arches naturelles sur la plage (la 3eme s' effondrée). A Guelmim, nous empruntons une piste de 10 kms jusqu'à notre hotel le "fort bou jerif". La piste nous secoue énormément. Notre Dacia est très éprouvée, mais tient le coup. L'effort en valait franchement la peine. Cet hotel est séparé en plusieurs parties : le grand hotel, le petit hotel qui contient quelques chambres supplémentaires, le motel avec une partie douches communes, les tentes et le camping, où d'ailleurs réside une caravane qui a dû elle aussi emprunter la piste. Dans ma cour repose un squelette de baleine, sur les murs sont accrochés quelques trophées: une tête de poisson énorme avec la photo du patron avec sa prise, une peau de panthère, une peau de serval et de nombreux objets de décorations africaines. La déco est de très bon goût, le salon est impeccablement propre et savamment éclairé, le couvert est déjà dressé sur les tables. Les chambres sont ultra propres, tout est en bon état et il ne manque rien: serviettes de bain, pq, couvertures supplémentaires, porte-manteau, verres pour les dents, matelas et oreillers confortables. C'est bien un français qui tient cet hotel, aucun doute!

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Le repas est une tuerie: olives en amuse-gueule + salade marocaine, accompagnée de confit d'aubergine, de ratatouille et de vinaigrette moutardée + tajine de dromadaire aux legumes + gateau au chocolat à la fleur d'oranger accompagné d'une glace.

A 23h, ils coupent le groupe électrogène: bonne nuit.

Mercredi 25 avril

Douche bien chaude, puis petit dej hyper copieux pour démarrer cette journée: lait chaud + pain marocain avec confiture de fraise, confiture d'abricot ou miel + 1 part de 4/4 à la fleur d'oranger + 1 briochette + 1 rkhaif (crêpe marocaine cuite au beurre).

Nous ne sommes toujours pas certains de faire l'excursion vers la plage blanche, car le ciel est très couvert et des militaires americains font des manoeuvres dans ce coin là. Hier, des touristes venus specialement de Rabat ont dû faire demi tour face à un barrage de gendarmerie. Le 4x4 vient finalement nous chercher à l'hôtel à 11h au lieu de 10h (haaaa l'heure berbère quelle histoire...) et le gardien de l'hotel nous accompagne car il connait la région comme sa poche et sait comment contourner les barrages de gendarmerie, inchallah!

Nous roulons sur de la piste en contournant la zone des manoeuvres, à travers un reg de pierres et d'euphorbes (sorte de plantes en forme de churros avec des piquants). Le 4x4 est un land rover "rustique" avec un protège volant déchiré, une moquette collée au plafond, un tapis en guise de tableau de bord avec une poche cousue servant de vide-poches et de jolies perles berbères qui pendent tout autour de l'habitacle. L'aiguille indiquant la vitesse est cassée et les ceintures de sécurité ne fonctionnent pas, ce qui fait beaucoup marrer nos 2 guides. La banquette arrière est très haute, à tel point que nos têtes touchent presque le plafond et nous devons nous pencher en avant pour regarder à l'extérieur. A chaque soubresaut du véhicule, une barre de métal nous rentre dans les fesses à travers la fine banquette. Bref c'est du rustique, mais c'est quand même du Land Rover!

Beaucoup d'oiseaux s' envolent sur notre passage, à mon grand désespoir car le chauffeur ne s'en soucie guère. En insistant un peu, il consent à s'arrêter quelques secondes, pour que l'on prenne quelques photos ornitho. Et là bingo! La trentaine d'oiseaux avec le bout des ailes noirs que nous n'arrivions pas à identifier en vol, se révèlent être des "cours-vite isabelle", l'espèce que nous espérions voir en venant dans cette région. Incroyable, très belle "coche".

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Nous arrivons enfin à la plage blanche au bout de 2h30 de piste, les fesses toutes endolories. Nous pique-niquons devant le fort francais en ruine de Aouriroura le long d'une des cabanes de pécheurs qui ressemblent à des abris de sdf, au milieu de chats qui semblent habitués à réclamer des bouts de poissons.

Nous apprendrons pas la suite que ces pécheurs viennent de très loin. Ils s'installent plusieurs mois dans ces abris de fortune pour pêcher et vendre leurs prises aux plus offrant. Ils posent des filets le long de la plage et viennent les relever tous les jours. D'après notre informateur, c'est très rentable.

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La plage est gigantesque et de belles dunes couleur sable très clair de 50 mètres la surplombe. Pour digérer, tout le monde entame l'ascension de cet Everest, bien évidemment par le flanc le plus abrupt. Sous les encouragements de ma petite femme qui me devance, j'ai cru mourir d'épuisement au moins 10 fois pendant la montée. C'est un effort vraiment intense, mais ça valait le coup: la vue du haut d'une dune est toujours un instant magique.

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Nous remontons dans notre carrosse, pour rouler sur la plage. Nous croisons des centaines d'oiseaux: huitriers pies, goelands, cormorans, limicoles. C'est tout que j'arrive à distinguer à 80 km/h :) Je suis moins frustré, car ces oiseaux là, je les connais bien. Nous avons les mêmes en France. Nous reprenons la piste jusqu'à l'hotel.

 

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Avant le diner, nous laissons les enfants tous seuls et partons faire une balade d'1 heure pour visiter les alentours: le fort français "bou jerif", en ruine lui aussi, et le petit oued qui le longe, bordé de palmiers et de lauriers roses. C'est un havre de paix.

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Ce soir, c'est couscous maison + gateau maison à l'orange, avec coulis de zests d'orange. Nos papilles et notre estomac ont pris une grosse claque.

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Jeudi 26 avril

Ce matin, nous quittons le fort bou jerif en empruntant la piste en direction de Guelmim. Nous faisons plusieurs haltes ornitho: des cochevis, des traquets, un gravelot au bord d'un oued et surtout... surtout... 2 chevêches d'Athena à quelques mètres l'une de l'autre. Ca c'est une belle coche. Elles sont toutes mimis ces petites chouettes grosses comme le poing.

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Après Guelmim, direction l'oasis de Tighrmert où se situe la villa Boujouf, notre prochain hotel. Mohammed, le gardien nous accueille dans une villa aux murs en pisé, entourée de rosiers et de bougainvilliers, en bordure d'une palmeraie de 8 kms de long.

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François, le propriétaire, nous accueille avec sa jeune femme marocaine. Nous étalons notre barda dans une superbe chambre à la marocaine: faible lumière rouge tamisée, petites ouvertures sur le jardin, sable de bain en tadelakt et en mozaique rouge et beige, plafond en bambou.

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Nos hotes nous invitent à prendre place dans le salon avec eux, autour d'un petit thé à la menthe, accompagné de cacahouètes grillées, de raisins secs, d'amandes et de délicieuses olives vertes.

Nous sommes très agréablement surpris qu'un Français nous accueille comme un marocain.

Nous partons en excursion avec Abdou, guide local, faire un tour à pied dans la palmeraie et visiter son musée de l'histoire berbère. Severine et moi nous retrouvons déguisés en nomades saharaouis, on s'y croirait.

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Nous reprenons la voiture et empruntons une piste, très sablonneuse, où le vent est omniprésent et provoque de gros nuages de sable. Le guide nous emmène jusqu'à une source chaude. C'est une sorte de cheminée métallique noire, fixée dans le sol, d'où sort de l'eau à 50 degrés environ. Le roi fait creuser des puits un peu partout et ils tombent de temps en temps sur des sources chaudes. L'intérêt de cette attraction est assez limité, mais Abdou tenait à nous la montrer.

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Nous repartons par la piste (aie aie aie, la pauvre Dacia) vers les cascades de Fask. Nous nous retrouvons dans le lit d'un oued jonché de lauriers roses et de roseaux avec un beau bassin d'eau au milieu, le paradis des grenouilles. Bel endroit pour pique niquer.

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Retour à l'hôtel pour glander au soleil (et oui enfin de la chaleur!!) sur la terrasse où François nous amène un jus de fruit. Il est vraiment aux petits soins avec nous et ne fait pas de chichis. Il a été opéré d'une tumeur au cerveau il y a quelques années et j'imagine qu'on voit la vie autrement après ce genre d'épreuve.

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Ce soir, nous nous attablons avec un groupe d'italiens (plutôt discrets pour une fois), avec une tv branchée sur youtube qui diffuse de la musique d'ambiance. Au diner: salade de crudités + tajine de poulet au citron + tarte à l'orange. C'est délicieux.

Francois vient nous chercher, affublé d'une veste polaire rouge et un bonnet en laine sur la tête (lol). Ce soir, on observe les étoiles! Sur sa terrasse, il a installé un gros télescope qu'il dirige électriquement vers des étoiles répertoriées par Mr Messier : M3, M13, ..., mais nous observons également la lune, jupiter, castor et pollux... Les conditions d'observation ne sont pas réunies car la lune pollue trop par sa luminosité et des nuages commencent à masquer les étoiles.

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Nous rentrons nous coucher fatigués de cette grosse journée, mais surtout transis par le froid.

 

Vendredi 27 avril

Petit dej avec confitures de fraises, d'abricots, de figues et de citrons, huile d'argan, miel, crêpes bretonnes, pichet de jus d'oranges pressées, pêches de vigne du jardin, yaourt nature et cerise sur le gateau: du chocolat en poudre.

En route pour Amtoudi!

Nous passons par Fask, puis par Aday où nous devrions trouver une source chaude. Nous marchons dans les hauteurs du village à travers les jardins, le long du seguia qui achemine la source jusqu'aux maisons. Effectivement l'eau est tiède. Le seguia nous amène jusqu'à un tout petit batiment en béton d'où sortent des voix de femmes et d'enfants. Elles résonnent comme s'il y avait plusieurs personnes dans une salle souterraine. Nous n'osons pas entrer car c'est peut être une sorte de hammam pour les femmes du village. Nous croisons un homme qui nous indique un 2 ème batiment identique (hammam pour les hommes?). Cette fois, nous pénétrons à l'intérieur par un escalier étroit qui descend dans les entrailles de la terre. Plus on descend, plus il fait chaud. Au fond coule une source qui dégage de la vapeur d'eau etouffante (comme dans notre salle de bain quand Julien sort de la douche!). Quelle chance d'avoir un hammam naturel ! Ca me rappelle "les cigares du pharaon", quand tintin ouvre un tronc d'arbre et descend par un escalier secret dans une salle souterraine.

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Nous étions loin de nous douter de la suite...
Nous arrivons à l'hôtel "l'ombre d'arganier", anciennement "on dirait le sud" tenu par Mr Georges. Séverine annonce à Mohammed, le nouveau gérant: "famille POTET, on a réservé. ". Il nous regarde bizarrement et nous rétorque: "mais vous êtes combien?". Le malaise est palpable. Il nous montre son registre où est noté "famille POULY, 0033 95131..., complet". Gloups..... A première vue, il y a un pb avec les réservations, quelqu'un a réservé tout l'hotel, autrement dit les 4 chambres, alors que Séverine a réservé depuis le mois de Septembre et l'hotel a confirmé la chambre début avril. Soit on se retrouve sans hôtel ce soir, soit il ont mal noté notre nom de famille dans le registre et ont confondu "4 personnes" avec "4 chambres". Ha la la, l'organisation des marocains...

Mais POULY, ça ressemble étrangement à POTET. Et le numéro de téléphone pourrait bien être celui de notre freebox. Il me fait un partage wifi pour que je puisse me connecter à internet et vérifier cette hypothèse. Bingo, c'est bien notre numéro !!! Ouf. Mais Mohammed se retrouve avec 3 chambres vides et un gros stock de bouffe sur les bras. En bon musulman, il positive et croit au destin, inchallah..Il nous laisse choisir notre chambre.

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Nous partons faire une balade à pied dans la palmeraie et dans le village. Il fait vraiment très chaud. Le nouvel hotel de Mr Georges, le "Tigmi bulbul" se situe en haut du village en plein soleil, sans aucun arbre, avec des caméras à l'entrée et des tarifs qui ont tout simplement doublés. Amtoudi est surplombé par 2 immenses agadirs (grands greniers de village construit en hauteur), et alimenté par un oued qui coule dans une vallée étroite très encaissée. Notre programme de demain: remonter l'oued jusqu'à des vasques d'eau pour faire trempette.

Retour à l'hotel: le destin a frappé. Contre toute attente, dans ce coin perdu du Maroc, des voyageurs en quête d'hébergement ont trouvé leur bonheur. L'hotel est plein.

Au menu ce soir: tajine de chevreau.
Nous dinons avec comme fond sonore, le prêche de l'iman (nous sommes vendredi).

Samedi 28 avril

Ce matin, grasse mat, petit dej à 9h. La salle de bain est séparée de la chambre par un simple rideau blanc de salle à manger, avec, au désespoir des enfants, une vue directe sur la douche. L'eau est chaude, et il n'y a pas de pression. Ca prend juste plus de temps que d'habitude pour se rincer (pour Julien : 45 minutes au lieu de 30 :) ).

Nous partons avec nos pique-niques et nos affaires de baignade vers la palmeraie. Nous empruntons un petit chemin de terre qui longe les palmiers, les figuiers et les grenadiers. Les bulbuls gazouillent tout autour de nous, dans cette fraicheur ambiante. Nous prenons un autre chemin en direction de la source, le long d'un seguia tout humide, qui a visiblement servi récemment à irriguer les jardins. Le chemin s'arrête et nous oblige à marcher dans les cailloux, puis à escalader de gros blocs rocheux. Nous nous enfonçons profondément dans un canyon vertigineux, où coule un oued formant des vasques qui scintillent au soleil.

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Chemin faisant, Maxime et moi nous arêtons pour prendre tout petit lézard en photo quand soudain Maxime crie "attention, y'a un énorme lézard à côté de toi!!!". En réalité, il ne s'agit pas d'un lézard, mais d'un scinque, sorte de serpent avec des pattes, d'une 15aine de cms sans la queue. Les berbères l'appellent "la maman des serpents". Quelle chance de voir cet animal et de pouvoir le photographier.

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L'oued s'élargit jusqu'à former un couloir d'eau d'une 50aine de mètres de long sur 3m de large: superbe! Nous poursuivons jusqu'à la source qui forme une petite piscine où l'eau est plus stagnante et donc moins froide. Quel pied de se baigner dans cette eau fraiche et turquoise qui ressemble à un sirop de menthe glaciale, puis de sécher au soleil. Nous reprenons le chemin du retour et ne résistons pas à la baignade dans le fameux couloir de 50 m, où l'eau est nettement plus froide et plus à l'ombre. C'est un peu flippant de nager dans ce couloir d'eau sombre et profonde.

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Retour à l'hotel, le temps de constater nos coups de soleil, puis tajine de poulet. Quelle journée arrassante. Vivement que l'on reprenne le boulot...

Dimanche 29 avril

Ptit dej à 9h et en route pour Tata, puis Tissint (4 heures de route).
Comme d'hab, la gendarmerie royale nous arrête, vérifie d'un coup d'oeil que nous sommes bien des touristes et nous fait signe de partir en nous souhaitant bon voyage. Le marocain derrière nous, lui, se fait contrôler :)

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Nous décidons de manger une omelette à l'hotel de Tissint car nous savons qu'il y a une piscine et les enfants seront heureux de piquer une tête.

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Le gars nous amène une grosse salade marocaine + une omelette aux tomates + du melon vert + un thé à la menthe (très amer), le tout pour 360 dirhams! Une fortune! Mais au moins, on a la piscine. Severine et les enfants se changent et au moment de se mettre à l'eau, le gars nous annonce : "la piscine, c'est 50 dirhams par personne". Lol, il rigole ou quoi? Même en France, la piscine, c'est 3 euros maxi.

Severine exprime son mécontentement au serveur qui descend le prix à 30 dirhams. C'est encore trop, mais nous autorisons les gars à se baigner. La grosse arnaque. Il faut dire que cet hotel est le seul de la ville et pratique des prix très élevés. C'est le même propriétaire que l'hotel de Foumzguid, qui est aussi très cher. Certainement un européen... Au moment de partir, nous ne leur laissons pas le choix, Severine leur tend un billet de 20 dirhams (soit 1 euro par personne) et les traite de voleurs: non mais!

Le pire dans tout ça, c'est que l'hôtel est longé par un oued avec des cascades et une multitude de plongeoirs naturels, certains étant perchés à 5 m de haut. Tous les gamins de Tissint sont là. Certains font des concours de plongeons, chahutent et s'amusent à jeter les copains à l'eau, alors que d'autres restent à l'ombre et observent toute cette agitation et les rares touristes que nous sommes. Comme Séverine ne reste jamais sur un échec, elle se met en maillot de bain et se baigne dans cette gigantesque piscine, sous les regards intéressés et ahuris des locaux. Il faut dire que sur une 50aine de personnes, Séverine est la seule fille: une sirène au milieu des marins, ou une brebis égarée au milieu des loups, la métaphore me semble assez adaptée.

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Là encore, on voit clairement la place de la femme dans les endroits reculés du Maroc. Les garçons s' amusent comme des fous, pendant que les femmes sont... à la maison? Dans les grosses villes, les jeunes femmes ne mettent plus de voile, ou seulement par coquetterie. Les choses évoluent dans le bon sens, mais il faut encore un peu de temps pour qu'elles se généralisent.

Ce soir nous dormons dans un endroit exceptionnel : le campement de Tissint. Nous nous éloignons de la route, par une piste, et au bout d'1 km environ, nous arrivons dans cet endroit complètement irréel, aux allures de far west americain. On s'attend à voir des apaches et des signaux de fumée sur les hauteurs. Nous nous trouvons dans un immense lit de rivière à sec avec 10 tentes berbères disposées en cercle et une grande tente restaurant au centre.

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Dans chaque tente, ils ont creusé un escalier en dur, qui descent dans une petite pièce avec 1 lavabo et 1 wc. On trouve des squats dans tous les coins. Nous choisissons un petit salon en pisé, abrité, où se trouve un bassin, du style jacuzzi, hélas vide.. ils ont un pb avec le puit.

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Des traquets à tête blanche, d'habitude difficile à approcher, se posent à 1 mètre de nous, en quête de miettes de pain. Ils prennent la pose sur les photophores berbères, ce qui ravie notre appareil photo. Au loin un petit âne curieux fait dépasser ses oreilles. Le pauvre n'a plus d'eau et il fait 33 degrés à l'ombre. Plein d'empatie, nous trouvons un seau d'eau pour qu'il puisse se désaltérer.

Le campement est désert. A part les 2 femmes qui cuisinent et l'homme qui s' occupe de l'accueil, nous sommes les seuls touristes. Un autre gars qui nous a guidé en scooter nous explique que le Maroc souffre toujours de la mauvaise publicité provoquée par les attentats en Europe, mais que les touristes reviennent peu à peu. Ce que les européens ont du mal à assimiler, c'est que le roi du Maroc est bien plus intransigeant avec le radicalisme islamique que nous le sommes. Pas question de laisser se balader un individu dangereux. On le met directement en prison.

Ce soir nous mangeons sur une petite terrasse, éclairée par le clair de pleine lune et 2 photophores berbères fait avec des pots de confiture: salade marocaine + tagine de chevreau + tranches d'orange au miel et à la canelle + un thé à la menthe.

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La porte de la chambre est un simple tapis, qui bouge avec le vent. Nous vérifions avant de dormir, qu'il n'y a pas de scorpion ou de lézard dans nos draps. Tout est parfait. Nous nous endormons sereinement dans un silence total.

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Lundi 30 avril

Réveillés par la lumière et la chaleur du soleil, nous prenons une douche froide vivifiante, puis un petit dej au soleil sur notre petite terrasse (cool du jus d'oranges pressées). Les traquets à tête blanche sont fidèles au rdv et prennent toujours la pause sur les photophores.

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En route pour le ksar de Ait Ben Haddou, à 3 heures de route.
Nous faisons un halte au col du tizi n pour shooting photo, devant une vue panoramique à couper le souffle. Nous voyons toute la chaine enneigée du haut altas, du Toubkal au mont M Goun. Superbe!

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Changement de paysage avec ce magnifique village entièrement en terre, qui sert de décor aux studios de Ouarzazate. Les chambres sont disposées tout autour de la piscine, et il y a du wifi à l'accueil, au grand bonheur des enfants.

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Nous partons visiter le ksar, que nous connaissons bien, en espérant trouver notre ami "Abdel Aziz"

Nous arpentons les petits chemins de terre, jalonnés de boutiques en tous genres: poteries, djellabas, bijoux, tableaux peints avec du thé, etc.. Le ksar est envahi de touristes, dont pas mal de chinois munis de masques blancs, c'est bien connu, le sable ca pollue, lol... Nous croisons 2 gamins qui arborent 4 magnifiques lézards fouette-queue d'une 20aine de centimètres, les femelles sont jaunes et les mâles sont rouges. Ils les manipulent sans danger, nous qui pensions cet animal dangereux. Photos, photos, photos! Nous leur donnons un pièce à chacun car c'est tout de même le but de cette "exposition".

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Nous atteignons le sommet du ksar avec grande difficulté car le vent souffle vraiment très fort. Nous avons du mal à avancer et à tenir debout. Nous ne nous attardons pas. En descendant, nous croisons un marocain qui se cache le visage dans son blouson, il semble perdu dans ses pensées... Malgré son visage caché, nous le reconnaissons à coup sûr: c'est notre ami, c'est AdelAziz! Quelle chance! Il nous fait un tas de salamalecs et des accolades à n'en plus finir et nous donne rdv chez lui 1 heure après. Juste le temps pour nous de passer à la coopérative des femmes, pour acheter 1kg de biscuits marocains.

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Nous retrouvons sa maison qui a bien changée. Elle est joliment peinte aux couleurs berbères, alors que dans nos souvenirs, les murs étaient en torchis brut. Sa femme nous reconnaît et nous invite immédiatement à entrer. Le petit Abderazak a grandi, il a maintenant 3 ans et demi.

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Nous avons toujours cette difficulté à communiquer car elle ne parle pas francais, ni arabe, ni anglais. Nous telephonons à AbdelAziz pour qu'il rentre vite chez lui pour faire le traducteur. Thé à la menthe, pain maison et huile d'olives, amandes, biscuits de la coopérative. Quel accueil ! Ils nous montrent quelques photos de notre dernier passage dans leur album photo: ça nous touche vraiment. Ils nous proposent de rester manger, alors que rien n'était prévu. Nous refusons car l'hôtel nous attend pour diner. La prochaine fois c'est promis, on les appelle avant pour se faire une bouffe à la maison. C'est la parole berbère comme il dit. Inchallah!

La tempête est de plus en plus forte. Les portes claquent, les abas-jours extérieurs tappent contre les plafonds, le camping-car oscille, la piscine s' est transformée en parc aquatique avec des vagues de 2m. Nous avons peur du raz de marée, car notre chambre est juste en face. Une petite pensée pour les gens qui dorment sous la tente....

 

Mardi 1 mai

Nous partons de Ait Ben Haddou en direction de Ouzoud. La route est longue, environ 5 heures. Nous faisons peu de pauses: une pour pique-niquer et une pour observer 3 guêpiers posés sur un fil.

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Nous arrivons enfin à l'hôtel "la kasbah d'Ouzoud", où nous retrouvons Youness le gerant et Maltesse, la labrador beige, qui nous avait accompagnés il y a 2 ans jusqu'aux sources de l'oued. On dirait que la chienne nous a reconnus. Elle a l'air très contente de nous voir. Nous occupons le même bungalow et tout est toujours aussi nickel: propreté, installation électrique en bon état, eau chaude et nec plus ultra, nous avons le wifi dans la chambre.

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Ce soir: grosse salade de crudités, tajine de poulet, tiramisu. Delicieux!

Mercredi 2 mai

Réveil tardif et petit dej à 9h15.
Le serveur nous amène les ingrédients habituels, mais un petit bol nous interpelle. On dirait du lait, mais très épais. Il nous précise que c''est de la semoule. Hmm quelle bonne idée, on adore ça. Mais à la première bouchée, une grimace se dessine sur mon visage: "c'est salé!". Que c'est étrange... Je décide donc d'y ajouter du sucre pour masquer le goût, mais c'est 10 fois pire: immangeable. Et pour cause: c'est de la semoule à l'huile d'olive. Je vous laisse imaginer le goût. .. berk... Le gars est reparti penaud avec ses 4 bols :)

Nous nous équipons de chaussures de marche et de sacs à dos, et nous voilà partis pour les cascades d'Ouzoud, que nous verrons pour la 4eme fois. Maltesse, la labrador, trottine à côté de nous. Elle semble vouloir nous accompagner. Le ciel est bleu et la température est plutôt chaude. Pourvu que ça dure.

Arrivés dans le bourg, nous passons l'oued pour éviter l'escalier des touristes où tous les guides du bled viennent nous "coller". Les chutes d'Ouzoud sont toujours aussi impressionnantes, puissantes et assourdissantes. On se sent minuscule devant une telle force de la nature.

Nous rencontrons un bébé chien qui tente de nous suivre sur 1 centaine de mètres mais qui a du mal à suivre le rythme. Trop mimi. Pour la petite histoire, des hippies français ont laissé 6 chiots dans la forêt et sont répartis. Bravo! Bel exemple! Ce bébé va surement devenir un chien errant malade qui se bat avec d'autres pour un bout de viande, comme la plupart des chiens que l'on croise au Maroc. Nous espérons que quelqu'un l'adoptera.

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Nous quittons le sentier principal et bifurquons pour nous perdre au milieu de la forêt d'oliviers. La chienne est heureuse et se complait à marcher dans toutes les flaques d'eau, plutôt boueuses.

Nous avons traversé toute la forêt d'oliviers et butons sur un précipice. Nous aimerions visiter des grottes juste en dessous, mais il va falloir trouver un chemin moins dangereux. Maxime connait bien ses parents et a très peur que nous tentions une descente directe. Nous prenons la sage decision de faire demi-tour.

Nous rejoignons le sentier principal qui longe et surplombe l'oued Mais au bout de quelques heures de marche, nous rencontrons un gros obstacle: plus de chemin! Il faut franchir des rochers très pentus sur une 30aine de mètres pour retrouver le chemin qui mène aux grottes. Nous apprendrons par la suite qu'il existait des "ponts" qui permettaient de passer sur l'autre rive et de retraverser pour éviter ces dangereux rochers, mais cet hiver, le courant a tout emporté. Pas question de faire demi tour, sinon Séverine va être tellement frustrée que son sommeil en sera perturbé pendant des mois... :)

Nous demandons à la chienne de rester là, car l'obstacle déjà infranchissable pour nous, l'est d'autant plus pour elle. Mais elle ne l'entend pas de cette oreille et commence à grimper sur les rochers en pente: incroyable! Arrivée au pied des rochers à escalader, à notre grande surprise, elle se met à traverser l'oued alors qu'il y a un courant terrible. Pendant que nous escaladons, elle marche sur l'autre rive et retraverse dans cette eau déchaînée, alors qu'il y a une cascade juste après. Nous sommes morts d'inquiétude. Elle arrive finalement à nous rejoindre, ses jambes tremblent de partout: le froid, la peur, l'arthrite ou un peu des 3 ? Nous l'applaudissons et la félicitons comme il se doit. C'est l'héroine du jour.

Mais ça c'etait bien avant le drame bien sûr... Nous continuons sur le sentier qui est assez chaotique avec pas mal de grosses pierres à emjamber, lorsque tout à coup, en plein effort, un gros "scriiiiitchhhhhh" se fait entendre, puis s'en suit un fou rire de ma chère et tendre, complètement pliée en deux. Mon short en toile vient de se déchirer de manière assez conséquente, à tel point que ... on voit la moitié de mon caleçon, rouge qui plus est... Franchement, je ne vois pas ce qui la fait rire. J'ai souvent remarqué que ce qui rend une femme hilare, c'est de voir son homme dans ce genre de situation ridicule et inconfortable. Pfff... les femmes...

Nous trouvons finalement cette petite grotte créée par la calcairisation de l'écoulement des eaux contre la falaise. Elle contient des stalactites un peu comme dans les grottes du Périgord. On sent même un courant d'air (ou alors c'est mon short). Le paysage est magnifique. Nous surplombons la confluence de 2 oueds, et constatons la difficulté d'un petit oued boueux à se déverser dans un oued en furie.

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Nous reprenons notre escalade pour quitter cet endroit coupé du monde, mais là, pb: Maltesse n'arrive pas à passer. Elle tente la traversée, mais se fait emporter par le courant. Elle revient de notre côté in extremis. Ses 4 pattes tremblent énormément et elle rebrousse chemin en direction de la grotte. Pas le choix, nous devons la laisser se débrouiller et penser avant tout à notre sécurité. Après quelques frayeurs, nous parvenons à retraverser la barrière rocheuse, mais sommes très inquiets pour la chienne. C'est quand même à cause de nous si elle prend de tels risques inconsidérés. Mais au bout de quelques minutes d'attente, nous l'apercevons sur l'autre rive. Houra, elle est passée!!!! Elle fait honneur à la réputation qu'ont les labradors d'être d'excellents nageurs. Elle se rejette à l'eau et lutte à nouveau contre le courant pour nous rejoindre. Elle s'ébroue sur nous, mais pas grave, nous sommes tellement contents....

Nous arrivons aux cascades vers 16h et commandons un tajine de poulet et des boissons fraiches. Maltesse, notre fierté, a l'honneur de manger dans une assiette, quelques os, bouts de viandes, pain et légumes, trempés dans le jus de viande à l'huile d'olive. Un festin...

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Nous remontons par l'escalier des touristes et alternons photos de cascades et visite de boutiques. Des marocaines sont toutes alignées avec leurs smartphones pour photographier les cascades (ou après reflexion, peut-etre ma fesse droite laissant apparaitre une partie de mes sous vêtements. Heureusement que je n'ai pas mis mon caleçon winnie l'ourson...).

Dans le bourg, nous nous mettons en quête d'une banque, et nous suivons un marocain avec une veste de survet rouge, qui ressemble beaucoup à Said, notre ami guide qui nous a déjà promené à reprises dans les alentours. Je me débrouille pour le dépasser. "Said, c'est bien toi!". Il a pris quelques cheveux gris et quelques rides. Décidément, cette année, nous avons le chic pour croiser nos amis par hasard. Rencontre beaucoup moins chaleureuse qu'au ksar d'Ait Ben Haddou, mais nous sommes très heureux de le revoir. Pas de banque ici, tant pis, nous nous ne pourrons pas acheter de babouches ici.

Maltesse s'allonge à chacune de nos haltes. Elle est exténuée. Courage, il nous reste encore à remonter l'interminable route qui relie le bourg à notre hôtel. Nous finirons dans la piscine, avec une Maltesse endormie dans l'herbe épaisse derrière nos chaises longues.

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Quelle journée pleine d'émotions.

Ce soir: soupe de légumes (une tuerie) + tajine kefta + fruits de saison

 

 

Jeudi 3 mai

Ce matin , la semoule salée est remplacée par des omelettes.
Maltesse n'est pas là pour nous souhaiter bonne route. Sans doute est elle partie vivre d'autres aventures avec d'autres clients...

Nous roulons pendant 3 heures jusqu'à la ville des fous : "Marrakech" !
Nous avons choisi d'éviter le centre de Marrakech en contournant par le sud est, mais n'avions pas prévu que cette route était complètement laissée à l'abandon. Les nids de poules sont omniprésents, et quelquefois, il n'y a plus du tout de goudron. Cerise sur le gâteau: nous sommes obligés de traverser 3 oueds en roulant dans l'eau, en risquant de faire rentrer l'eau par les portières. Nous imitons la voiture de devant: ouf ca passe!

L'hôtel Dar Tougga n'est indiqué nul part, et se situe au beau milieu d'un labyrinthe de rues en terre tres étroites. Quasiment impossible à trouver avec le GPS, mais la 4g et l'application "here we go" nous sauve la mise encore une fois (il reconnait le nom des hôtels).

Arrivés devant l'hôtel,  nous n'apercevons aucune pancarte indiquant le nom de l'établissement et la porte est une simple palissade de bambous très abîmée. La manoeuvre pour se garer devant est difficile et il n'y a que 2 emplacements. Le propriétaire nous accueille (à la française) et nous fait patienter car "Aicha" n'a pas fini de faire la chambre. Celle ci est plutôt bien agencée et propre, mais le wc n'est pas fixé au sol, la porte à galandage entre les 2 chambres ne coulisse pas et la porte de la chambre ne ferme pas à clé de l'extérieur.  La piscine soit-disant chauffée ne l'est pas, le jardin autour est mal entretenu avec des fleurs en mauvais état et des objets qui trainnent un peu partout. Ca sent franchement le laisser-aller cet hôtel.... On dirait plutôt le jardin d'une maison particulière.  Pour la première fois de notre séjour,  on ne nous autorise pas à manger notre pique-nique dans l'hotel : "les denrées ne sont pas autorisées dans l'etablissement". Pffff... on est au Maroc pourtant non ? Nous sommes contraints d'aller manger nos sandwitchs sur un parking horrible à côté de chiens errants qui fouillent dans les poubelles. La grande classe.

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Nous remontons la route jusqu'à la médina et nous garons au parking de la koutoubia. A nous les souks et les négociations endiablées dans les boutiques! Nous commencons par la place djema el fna et nous enfonçons progressivement dans ce labyrinthe, qui n'en est plus vraiment un, car des panneaux ont été ajoutés pour ne pas se perdre. Nous rejoignons ainsi la place des ferblantiers, dans le quartier du Melah pour y acheter du curcuma, qu'ils broyent devant nous, ainsi qu'un tas d'épices toutes aussi odorantes: ras el hanout, épices pour le poisson, épices pour la viande, piment, cardamome, gingembre, etc. Nous trouvons également des babouches et du musk en carré et en flacon. Nous adorons cette ambiance et toutes ces negociations entre vendeurs et touristes.

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Sur la place, nous croisons comme d'habitude les montreurs de cobras, les porteurs d'eau, les rabateurs, les vendeurs de bouibouis en tous genres, et les africains qui vendent des fausses montres de marque et des faux iphones.Par contre, à cause du balai incessant des scooters qui tentent d'éviter la circulation en passant par les souks, l'air est absolument irrespirable: c'est dégueulasse! Suite à la COP22, le maire aurait dû interdire les scooters dans les souks et instaurer des voies piétonnes.

Comme la faim se fait ressentir, nous grignotons quelques brochettes et quelques frites dans un de ces restaurants éphémères. Marrakech bouillonne tout autour de nous. Les rabateurs des restaurants tentent de fairer des proies, tandis que les africains avec leurs montres sont de plus en plus collants. Nous avons d'ailleurs une forte altercation avec l'un deux qui nous suit depuis un quart d'heure comme une vraie censue. Ce crétin va même jusqu'à me traiter de raciste devant tout le monde. C'est insupportable. Au bout de 2 ou 3 explications musclées, nous finissons par le semer. Il nous a franchement pourri notre fin de journée.

Nous passons à la phase dessert: la fameuse glace italienne qui est toujours à 2 dhm dans une artère de la place, puis les gars enchaînent avec une barbapapa devant la koutoubia. C'est rigolo, la machine à barbapapa ne semble pas électrique. Le vendeur doit actionner une manivelle pour faire tourner le moteur.

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Nous récupérons la voiture au parking et prenons la direction de l'hôtel. Quelle folie! Que cette ville est folle! Que les routes de nuit sont dangereuses! Des scooters et vélos, certains sans phares, slaloment entre les voitures, les piétons passent au feu rouge, et tout cela dans le brouhaha des moteurs et de la ville en ébullition. De plus, les pleins phares ne tiennent pas. Il faut maintenir le levier en conduisant. Nous arrivons sains et saufs à l'hôtel après 2 ou 3 grosses frayeurs.

La manoeuvre pour se garer est toujours aussi difficile, surtout dans le noir. Il faut passer dans un étroit couloir en béton, éviter de rouler sur un regard d'eau pluvial laissé ouvert, et éviter les voitures, scooters et enfants qui évoluent autour de nous. Pour couronner le tout, nous avons beau nous acharner sur la clé, impossible d'ouvrir la porte d'entrée. Le propriétaire nous ouvre. Heureusement qu'il n'est pas 1h du matin...

Le stress évacué pendant les 15 jours est revenu très rapidement. Un conseil: pour vous reposer, restez loin de Marrakech!!!

 

Vendredi 4 mai

Réveil tranquille. Pour une fois, nous n'avons aucun but aujourd'hui. Nous allons naturellement en direction de la place djemaa el fna et improvisons un pique-nique dans un parc, à l'ombre.

Un petit tour par le cyber parc, en face de la mairie de Marrakech, où le wifi est gratuit.

Puis nous poussons jusqu'au Gueliz et ses magasins européens hors de prix, ses bars à bobos, son mac do et son marché couvert qui pu le poisson. Ce quartier n'est pas vraiment à notre goût.

Nous revenons sur nos pas et, juste avant la place djemaa el fna, nous passons devant une belle porte en céramique "l'artisanat marocain" et pénétrons à l'intérieur car l'entrée est libre. A l'intérieur, on y trouve tous les corps de métier: tapis, cuir, tissus, métal, épices, instruments de musique. C'est la caverne d'Ali Baba. Il règne ici le calme et la fraîcheur. C'est très agréable. Il y a même un point restauration. On peut voir les artisants travailler et leur poser des questions. Les prix sont affichés et personne n'essaie de nous attirer dans son échoppe. Les européens que nous sommes en sont ravis, d'autant plus que les prix ne sont pas forcément élevés (ceinture en cuir à 100 dhm, porte monnaie à 20 dhm et babouches à 80 dhm). A contrario, les épices et les lampes en métal sont plus chères que dans les souks. Superbe endroit que j'invite tout le monde à découvrir.

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Nous reprenons la route incontournables de la place et de ses souks. Nous sommes vendredi, donc la place est encore plus animée qu'hier. Nous évitons du regard les vendeurs de montres et iphone contrefaits et flanons de boutique en boutique tout l'après midi. Comme nous sommes devenus de vrais négociateurs, et que nous sommes difficiles sur la marchandise, nous n'achetons finalement que quelques bracelets en cuir et des dattes.

19h. Nous mangeons des petits plats légers: tajine de beuf, tacos et assiette kebab. Et bien entendu une petite glace à 2 dhm chez notre marchand préféré.

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Séverine ne souhaitant plus conduire à Marrakech de nuit, nous partons tôt, d'autant plus que le loueur doit venir chercher la voiture à l'hôtel.

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Et voilà, la fin est proche. On serait bien resté encore un peu au soleil, mais le devoir nous appelle. Il faut bien retourner bosser pour payer les vacances :).

Peut être qu'un jour, nous poserons nos valises dans une palmeraie, non loin d'une grande ville, dans une villa où nous accueillerons des touristes., inchallah.

 

 

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